Dj PiGi de Paris

Place du vinyle dans l'industrie musicale aujourd'hui

Paris est rempli de lieux consacrés aux disques vinyles, cette galette d'abord noire maintenant aux couleurs multiples, revenue à la mode depuis environ 5 ans.

Au milieu des années 90 sa production était devenue anecdotique. Il avait été remplacé par le CD audio numérique, un plus petit produit, moins encombrant pour les bibliothèques (merci pour les DJ obligés jusque là de transporter de lourdes caisses de vinyles...) et surtout très rentable pour les maisons de disque. Celles-ci ont rapidement construit grâce au CD un "âge d'or financier" presque indécent qui dura une bonne quinzaine d’années. Le prix des CD était surévalué pour permettre des profits monumentaux.

Contre toute attente, malgré la mise au rancart des platines de lecture des vinyles, la galette fait une réapparition progressive entre 2010 et 2015, pour exploser en production et demande à partir de 2020. Sa croissance est même exponentielle entre 2020 et 2022 (pour un chiffre d’affaire de 80 millions d’Euros en 2021! avec près de 200.000 platines vendues en France en 2020).

Fait étonnant, les moins de 35 ans, qui n’ont connu que le CD, achètent 40% des vinyles actuels.

Évidemment les maisons de disques ont vu ce retour avec appétit et depuis 2020 le prix des vinyles a quasi doublé ! Ces gens là n’apprennent rien de l’histoire et vont encore tout faire pour casser la poule aux œuf d’or… Le prix de plus en plus élevé des CD n'a-t-il pas favorisé l'émergence du téléchargement illégal au début des années 2000, puis le streaming ensuite?

Il est certain que la pénurie de fabricants de vinyles explique en grande partie la flambée du prix d’un vinyle en forte demande, ainsi que les retards dans le pressage des nouveautés. Actuellement, ce pressage est souvent réservé aux plus forts (grandes productions et grand labels). Mais l’industrie musicale en profite largement, même si elle ne retrouve pas l’âge d’or financier des années 2000-2005 (1.300 millions d’Euros par an rien que pour les CD, 300 millions d’Euros seulement en 2021).

Aujourd’hui (chiffres de 2021), CD + Vinyle = 380 millions d’Euros, seulement! Un bon complément se fait grâce aux revenus du streaming (730 millions d'Euros en 2021), mais le compte n'y est pas malgré une progression de plus de 25% (merci le vinyle!) dans la période post-Covid.

Si la chute initiale du vinyle est liée à l’arrivée du CD, la chute du second est bien entendu, vous le savez déjà, liée à internet, au téléchargement d’abord illégal, puis légal et surtout au Streaming dès le début des années 2000. En 2021 le téléchargement ne rapporte que 250 millions d’Euros, bien loin derrière le streaming.

On cherche beaucoup moins ces 10 dernières années à posséder physiquement sa musique (on zappe tellement d'un titre à l'autre...), à une exception près, le vinyle, ce disque magique: objet sensuel, avec une belle grande pochette et le charme mécanique de sa platine et son bras. Pourtant un vinyle c'est fragile; il faut en prendre soin; c'est même pas pratique à utiliser (encombrant, pas de touche morceau suivant, il faut le retourner quand on l'écoute...). Malgré cela on s'y attache, on lui fait de la place (platine et bacs) dans son univers. Le son n'est pas meilleur que le CD, c'est une idée reçue, il est différent avec sa rondeur qui rime avec douceur...

Djdisquaire2

Dj PiGi chez ILLOGICAL Music  rue Blanche à Paris

Pour ce qui est du streaming, l’industrie du disque ne touche que 55% des bénéfices (cas de Spotify), les artistes (les plus vernis ou vendeurs) un peu moins de 15% et Spotify 30%. Les artistes restent les parents pauvres de cette industrie et souvent leur principale source de revenus réside dans leurs concerts et participations à des festivals. Aujourd’hui 65% des revenus de l’industrie musicale vient du streaming.

Le streaming arrive aussi chez les DJ. On peut mixer des playlists dématérialisées, sans téléchargement initial, puisées directement par internet sur Spotify ou dans un Cloud (Drpbox). Bien entendu il faut avoir à disposition une connexion internet fiable... Les DJ aiment encore posséder leur musique sur des clés USB ou un disque dur, ou encore parfois sur des vinyles. Mais l'avenir est devant eux et souvent la technologie décide pour eux.

Il faut savoir que, même si les droits reversés par les sociétés de streaming à l'industrie de la musique l'aide beaucoup à (sur) vivre, ces sociétés ne sont toujours pas rentables. Ni le géant Spotify, ni Apple Music, ni Amazon Music, ni l'outsider français Deezer, ne dégagent de bénéfices nets. Dans ce contexte, les revenus des artistes et créateurs de musique peu médiatisés ne risquent pas d'augmenter à court ou moyen terme. On voit mal les maisons de disques (ou plus précisément les propriétaires de catalogues d'artiste et de leurs droits d'édition) comme Universal améliorer volontairement le sort de leurs artistes au détriment de leur propre croissance...

Date de dernière mise à jour : 03/02/2023

Questions / Réponses

Aucune question. Soyez le premier à poser une question.
Anti-spam
 
  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam