Dj PiGi de Paris

Ecouter de la musique: 150 ans de progrès techniques

Avertissement: les dates évoquées dans cet article sont arrondies et non exactes à l'année près

Introduction:

Parler de l'évolution des supports d'écoute et de diffusion de la musique fait inévitablement appel à notre histoire, technologique, certes, mais aussi sociale. Durant les 150 dernières années, la musique n'a cessé d'envahir nos vies, d'accompagner nos fêtes, nos combats, nos joies et nos peines.

Pour faire simple, l'écoute musicale il y a 150 ans était soit réservée à une élite sociale qui allait au concert ou au bal en tenue d'apparat, soit distillée par des orchestres beaucoup plus petits lors de fêtes populaires, d'autres bals pour lesquelles on portait son habit du dimanche. Il y avait aussi l'harmonie municipale et ses musiques militaires...

Au rythme des révolutions techniques (et parfois sociales) la musique est entrée dans toutes les maisons, quel que soit le statut social. La musique s'est aussi exportée hors des frontières et des continents pour finir par mélanger ses genres et ses couleurs. Oui, la musique a réussi là ou les hommes ont échoué: abolir les frontières et c'est encore plus réel depuis internet.

L'invasion et l'emprise furent totales, à tel point qu'aujourd'hui on ne conçoit plus une journée sans une dose de musiqueElle accompagne nos déplacements (voiture, transports en commun et balades). Elle est le support de fond de nos films et vidéos, agrémente nos sonneries de téléphone (pardon de nos smartphones), détermine en partie, par nos choix musicaux, notre identité

C'est pourquoi les modes de diffusion de cette musique, eux aussi en pleine révolution avec les smartphones, le streaming, les réseaux sociaux et un aspect économique de plus en plus incertain, gardent une importance particulière. En voici la petite histoire, vue par un Dj d'hier.

 

Cela fait seulement 150 ans...

150 ans que la musique peut être enregistrée et écoutée par une grande quantité de personnes au moment de leur choix, seules ou en groupe, sans la présence des musiciens ou chanteurs impliqués.

Avant cela, il fallait absolument assister à un concert ou à une fête et écouter des artistes jouer leur musique et chanter.

Cette nécessité de disposer d'un artiste ou d'un ensemble d'artistes limite les possibilités d'écoute. Pour écouter un peu de musique, à la sauvette, on donne la pièce à un musicien/chanteur de rue. 

Les partitions sont le principal support de diffusion des oeuvres musicales. On en fait grand commerce.

Edisoncylindre

Le cylindre phonographique d'Edison

C'est autour de 1880...

qu'apparait la possibilité d'enregistrer les sons en gravant les vibrations acoustiques qu'ils produisent sur un sillon sous la forme de petites bosses modelées par les variations des sons concernés. Le sillon ainsi gravé de façon matérielle est toujours relu par une aiguille qui restitue les vibrations acoustiques initiales amplifiées par le cornet du gramophone. A cette époque la qualité sonore reste médiocre: le son est nasillard et médium car la bande passante est réduite à la fois dans les graves, et les aigus.

 

1880-1920: le cylindre:

Ancêtre du disque, il est au début en cire et donc fragile mais permet assez facilement l'enregistrement par gravage à l'aiguille.

Par contre, sa forme complexe rend difficile sa duplication en grand nombre. Au début l'artiste doit chanter autant de fois que de cylindres gravés...

Ce n'est qu'en 1900 que sa production "industrielle" commence. Malheureusement pour le cylindre, un concurrent sérieux arrive déjà, un objet beaucoup plus aisé à travailler: le disque.

La taille du cylindre Edison est de 5,5cm de diamètre sur 9,5 à 11cm de long.

Edisonphonographe

Phonographe à cylindre

De 1900 à 1950 le 78 tours:

Il est fabriqué en gomme laquée puis en vinyle. Plat, sa duplication est techniquement beaucoup plus aisée, par pressage de matièreDe plus sa forme diminue fortement le problème de déformation sonore appelée "pleurage", une sensation de variation de tonalité (hauteur) sonore, très présent avec le cylindre.

C'est le support qui permettra la véritable popularisation de la reproduction musicale. La diffusion des oeuvres peut réellement se faire à grande échelle. Aujourd'hui encore les brocantes sont remplies de ces disques dont le rendu sonore reste médiocre car toujours de bande passante relativement réduite.

Son nom vient de sa vitesse de rotation (78 tours/minute) et sa taille est de 25 à 30cm de diamètre.

La lecture se fait encore à l'aide d'une aiguille, sur un gramophone, jusqu'à l'arrivée du microsillon... Des microsillons tournant à 78 tours par minute existeront dans une période de transition entre les deux supports.

78t

Phonographe pour 78 tours

Depuis 1928 l'enregistrement magnétique sur bande:  

La technique existe mais la duplication en grand nombre est bien moins facile qu'avec le disque. Les bandes magnétiques sont aussi compliquées à manipuler.

Cependant son utilisation en studio d'enregistrement avant transfert en nombre sur disque se développe avec notamment l'enregistrement en stéréo (deux voies droite et gauche) puis multipiste (4 pistes simultanées en 1960).

Il faudra attendre les années 60 et le côté pratique de la K7 audio ou de la cartouche audio pour qu'un support magnétique soit utilisé en grande diffusion.

Tape

Magnétophone à bande

De 1950 à 1980, le disque vinyle «microsillon» avec ses 33 et 45 tours:

C'est le support de diffusion musicale de la seconde partie du 20e siècle. La qualité du disque est considérablement améliorée et répond aux besoins des enregistrements magnétiques et des systèmes d'amplification.

Grâce à sa matière "vinyle", beaucoup plus résistante et légère, on peut concevoir un "microsillon" qui diminue les bruits de craquement et le pleurage du 78 tours. Les aigus sont plus riches, le son est donc de meilleure qualité.

Le sillon plus fin occupe moins de place, ce qui augmente la durée d'écoute par face.

Le disque est lu par une pointe "diamant" plus fine que les vieilles aiguilles, ce qui augmente la qualité et la précision sonore tout en minimisant l'usure en allégeant la pression sur le sillon.

L'électricité permet un fonctionnement et une rotation précise et constante: disque 33 tours par minute (plutôt de 30cm de diamètre) ou 45 tours par minute (plutôt de 17cm de diamètre).

Le microsillon est au début, comme l'antique 78 tours, monophonique, la stéréo arrive en 1958.

Vinyl microsillon microscope 1

Le diamant et le sillon (vue agrandie)

Vinyle

Le microssillon 33 tours - 30cm sur sa platine moderne

1960 le règne des Grandes Ondes, 70-80 l'aventure FM, 2020 la toute nouvelle RNT: 

La qualité du microsillon stéréo favorisera l'émergence des équipements "Haute-Fidélité" (HI-FI, pour Hight Fidelity), des "Chaînes" regroupant la platine disque stéréo, l'amplificateur et ses deux enceintes (la droite et la gauche).

Il s'y ajoute le fameux Tuner FM pour écouter la radio en modulation de fréquence. Il offre une bonne qualité sonore grâce à une large bande passante, nettement supérieure aux Grandes Ondes (GO).

La Radio Grandes Ondes existe depuis le début des années 1920 et s'est développée pour devenir le premier média musical aux alentours des années 60 avec des stations mythiques comme RTL, Europe1 et RMC qui touchent toutes les générations, même si les émissions dédiées à la jeunesse restent rares en France. L'avantage des GO est de ne nécessiter qu'un seul émetteur pour couvrir un grand territoire (500 à 1000 Km, 100 à 200 Km pour la FM). Déployer la FM reviendra donc à multiplier les émetteurs ce qui ralentira son déploiement. Le "transistor" se transporte partout, dans la cuisine, au camping, à la plage...

Depuis le début des années 60, la FM offre peu de stations: France Inter, France Culture, France Musique puis Fip en 1971, des stations sous monopole d'état, peu orientées jeunesse. On le sait, la FM demande de nombreux émetteurs-relais, progressivements déployés afin de couvrir l'ensemble du pays (196 en 1971).

Révolution, en 1981 lorque l'état, devenu Socialiste, ouvre la bande FM à une multitude de radios "libres" (d'expression) et régionales, enfin légales. Les programmes sont largement orientés pour séduire la jeunesse de France qui s'empare du média.

Mais avec le temps et l'arrivée de la publicité, les enjeux commerciaux entrainent de multiples regroupements. Des stations deviennent dominantes et quasi nationales en accédant aux fréquences de plusieurs émetteurs pour diffuser leurs programmes. Sous l'arbitrage de l'état français un "nettoyage" de la bande FM saturée se fera au détriment de l'esprit "Libre" des petites stations régionales qui disparaissent.

Malgré tout la FM reste encore un support de divertissement très populaire présent sur l'ensemble des autoradios: à la fin du 20e siècle tout le monde à sa voiture, plusieurs par famille. La FM informe, distrait, fait rire durant les longs embouteillages des citadins qui vont travailler ou partent en vacances. Le tuner ou le poste FM de la maison, permettent de choisir la station en accord avec ses goûts et son mode de vie.

La FM a 40 ans et, avec ses 1200 stations réparties en France, fait encore partie de nos journées, même si notre autoradio chéri a toujours jonglé avec un autre lecteur audio:  (par ordre d'apparition sur le marché) le lecteur de K7 audio, puis de CD,  l'IPod et les lecteurs mp3; plus récemment, la Clé USB et le Bluetooth de son smartphone connectable à son système audio embarqué (ou info divertissement, puisqu'on ne dit plus autoradio).

Un nouveau support radio pointe son nez et devrait bientôt remplacer la FM: la RNT (Radio Numérique Terrestre) ou DAB+ (Digital Audio Broad casting). La RNT (semblable à la TNT pour votre poste de télévision) utilise un signal numérisé (et non analogique comme la FM) et compressé pour être ensuite diffusé par voie hertzienne sur différentes bandes de fréquences. Ce format permet également à la radio d'ajouter des informations (texte, images et vidéos). Ces compléments sont affichés sur les écrans intégrés aux postes RNT/DAB+. La France est très en retard sur le déploiement de ce format par rapport à ses voisins européens (en 2021: seulement 25 stations et 30% du territoire couvert dont essentiellement  Paris-Ile-de-France et Lille au nord, Marseille et Nice au sud). 

FhifioldUne chaîne HI-FI de 1969

TunerfmUn TUNER FM des 70's

Infodivertissement

Info divertissement moderne avec DAB+ et connexions multiples

Début des années 60 la K7 audio:

c'est un support magnétique, une bande moitié moins large (à peine 4mm) que les bandes magnétiques classiques (un peu plus de 6mm), donc plutôt fragile et de bande passante un peu décevante (30 Hz à 15 kHz, aigus réduits) avec un bruit de "souffle" analogique non négligeable.

Malgré cela, sa petite taille l'aidera à rentrer dans les autoradios et les premiers lecteurs portables individuels (Walkman) pour devenir très populaire. Dès ses débuts, son atout est de permettre l’enregistrement: on fait des K7 avec les morceaux qu'on aime, des compilations personnelles qu'on s'échange entre amis, entre amoureux. Passer sa "compil" à un ami c'est lui faire découvrir d'autres musiques et à la fois affirmer, voir défendre, ses goûts musicaux. C'est le premier support musical entièrement personnalisable.

La K7 audio sera le premier support utilisé dans les répondeurs téléphoniques pour enregistrer les messages reçus mais aussi son annonce qui devient le reflet de la personnalité qu'on souhaite afficher.

La K7 audio s'inscrira dans l'histoire comme le support musical le plus populaire du 20ème siècle. La jeunesse en a fait un moyen d'expression majeur en décorant ses étiquettes et son boîtier (et surtout le petit carton destiné à l'inscription de la playlist) avec des dessins, des collages, des poèmes, des citations, des slogans et des déclarations. Le CD ne permettra pas une personalisation aussi riche.

Pour les musiciens désireux de "percer" la K7 audio devient un support de promotion idéal. Il est possible de diffuser et parfois de vendre sa musique (lors d'un concert par exemple), sa "Mixtape", même sans avoir de contrat avec une maison de disque. L'autoproduction débute avec la K7 audio: on se ruine pour entrer en studio et envoyer sa "maquette" aux maisons de disques en espérant être écouté et signé (Plus tard, le CD prendra le relai).

La Cartouche audio s'est développée au même moment que la K7 audio. Il s'agit d'une cassette plus épaisse car remplie d'une bande magnétique de largeur classique pouvant fournir un son de meilleure qualité et pouvant se lire en continu (la K7 audio à deux faces, il faut la retourner comme un disque, sauf sur les lecteurs à la mécanique "autoreverse": une double tête de lecture, une pour chaque face, avec inversion du sens de défilement de la bande à son extrémité). La cartouche audio n'a pas eu de succès en Europe sauf au Royaume-Uni, probablement à cause de son encombrement par rapport à la K7 audio. On la trouvait beaucoup aux USA et au Canada.

K7audioUne K7 audio

Lecteurenreg philips monoLe premier lecteur-enregistreur Philips (mono)

Walkmank7Le lecteur portable "Walkman"

Ar philips 1973Un Autoradio FM avec enregistrement possible (1973)

Lecteur cartoucheLecteur de Cartouche audio pour automobile

A partir de 1980 arrivée du CD (Compact Disk) numérique:

avec un son particulièrement propre, digne du matériel professionnel. Le support, de taille réduite (12 cm de diamètre) permet également de développer des lecteurs portable individuels (avec casque) ou amplifiés.

Les maisons de disque ont largement profité de la "manne financière CD". D'un prix de production dérisoire, il permet de ressortir des catalogues entiers d'artistes, des compilations, des "best off"... Tout le monde refait sa discothèque en numérique.

Une simple pression sur un bouton pour changer de morceau (plus de bras à déplacer en visant le sillon un peu plus visible qui sépare les morceaux du disque vinyle). Finis les craquements, les risques de sauts, le lourd encombrement d'une collection de vinyles. Le CD attire les foules, petits, on les aligne dans sa bibliothèque, sur ses étagères qui se transforment en discothèque.

Jamais les maisons de disques n'ont fait autant d'argent en si peu de temps (Elles déchanteront quelques années plus tard...), sans vraiment améliorer pour autant le sort des artistes...

Mais le CD a ses défauts. Principaux reproches : un son trop propre, voire «métallique» pour les puriste discophiles. Ses pochettes, ou plutôt ses boitiers en plastique, sont trop petits (images et textes minuscules, illisibles). Les pochettes n'ont plus le charme artistique des "grands albums" vinyles.

En fait le son froid attribué aux CD comparé au disque vinyle trouve sa source dans ses premières années d'existence durant lesquelles le "mastering" des CD (travail sonore final avant pressage agissant sur l'égalisation, la compression, la limitation et l’élargissement stéréo) se faisait sur des critères (filtres) issus de l'analogique, inadaptés à ce support numérique et aux règles liées à l'échantillonnage numérique (nécessité de supprimer les fréquences supérieures au spectre d'échantillonnage). Le résultat final s'en trouvait dégradé. Aujourd'hui, on maîtrise ce processus et ce sont beaucoup plus les aléas du système analogique des vinyles, ses côtés non-linéaires, qui "arrondissent" leur écoute au grand plaisir de certains.

Voici un article de l'équipe du site "Les Numériques" qui traite le sujet polémique sans parti pris: 

Lesnumeriques

CdaudioLecteur de CD de "salon"

WalkmancdLecteur de CD portable et ses écouteurs

Les CD auront une autre vie, très intense, grâce à l'arrivée des ordinateurs personnels (PC, pour personal Computer) dans nos foyers. Le lecteur de CD-ROM qui permet à l'origine d'installer des programmes et des jeux sur ces ordinateurs devient dans les années 90 un enregistreur ("graveur" de CD) capable de copier tout ou partie des CD-AUDIO. Et ça ne s'arrêtera pas là (voir plus loin avec les fichiers mp3...). L'ordinateur personnel va vraiment devenir dans les années 90 le centre stratégique des échanges musicaux, plus précisément des fichiers musicaux.

 

Entre la fin des années 80 et le début des années 90: les enregistreurs numériques

Nous pensons évidemment aux CD-R et CD-RW (effaçables), la plupart du temps intégrés aux ordinateurs, mais aussi aux MiniDisk et DAT (Digital Audio Tape) destinés à remplacer la K7 audio de qualité sonore médiocre face au CD.

L’enregistrement devient possible en format numérique professionnel : les musiciens sont heureux (maquettes et autoproductions de haute qualité audio sur CD).

MiniDisk (petite disquette numérique) et DAT (cassette à bande numérique) n’auront pas de succès populaire car assez coûteux. Le DAT avec sa capacité de stocker une grande quantité de données, bien plus qu'un CD limité à environ 700 Mo, sera surtout utilisé pour archiver d'imposantes données informatiques ou dans les studios d’enregistrement comme sortie numérique lors d’un mixage.

Mais rapidement l’ordinateur, encore lui, et ses logiciels de MAO (Musique Assistée par Ordinateur) va devenir le principal support d’enregistrement studio, détrônant au passage le magnétophone multipiste à bande.

MinidiskLe MiniDick Sony et sa petite disquette

K7datLa K7 utilisée dans un DAT (ici 2 heures d'enregistrement numérique)

 

A partir des années 2000: le téléchargement de fichiers musicaux mp3

Le développement du téléchargement (illégal puis légal) des fichiers musicaux va être fulgurant. L'ordinateur personnel relié au Net permet d'acquérir des albums entiers obtenus en copiant les CD (en les "ripant") sous la forme de fichiers compressés moins volumineux (10 fois moins sans trop détériorer la qualité sonore finale) et donc plus faciles à échanger sur le Web: les fichiers mp3. On se les échange au travers de plateformes collaboratives le plus souvent illégales. Si le débit internet est encore assez lent (ADSL utilisant une simple ligne téléphonique), en laissant son ordinateur télécharger toute la nuit, durant son sommeil, on se réveille avec une discothèque entière dans son PC et gratuitement.

Le fait est important: la musique devient gratuite ce qui va bouleverser totalement l'industrie du disque. Le CD se copiait, ce qui engendrait déjà des pertes de bénéfice, mais maintenant la diffusion mondiale des fichiers mp3, de la quasi-totalité du catalogue musical mondial, n'engendre plus aucun bénéfice. Jusque-là, l'industrie du disque et ses grandes maisons de disques tiraient facilement et grassement leurs recettes du support matériel (disques, K7 puis CD). La dématérialisation au travers de fichiers informatiques incontrôlables commence à les ruiner. A noter qu'il en sera de même pour le cinéma avec les films transformés en fichiers vidéos compressés. 

NapsterLa légendaire plateforme de téléchargement de fichiers musicaux mp3 

Le lecteur mp3 portable et l’iPod en seront le prolongement (jusqu'à l'arrivée du smartphone moderne). Si la quantité de mémoire des appareils de l’époque reste limitée à quelques méga-octets, le format mp3 et ses fichiers "léger" permet de mettre des centaines de titres dans sa poche.

IpodPetit et très léger, l'iPod permet de transporter des centaines de titres

 

Dès 2006: apparition des plateformes d'écoute en streaming

C'est en premier le français Deezer qui développe l'idée avant que le suédois Spotify vienne lui voler la vedette. On écoute des playlists gratuitement ou sur abonnement, Comme pour le téléchargement la notion de gratuité de la musique est au coeur du succès de la formule. La publicité entrecoupe l'écoute de​​ ceux qui ne veulent pas payer d'abonnement. Les plateformes de streaming savent faire fructifier leur croissance exponentielle. Musique et vidéo sont maintenant étroitement liées grâce au haut débit d'internet de la fibre. You Tube en est l'exemple typique.

Une fois de plus les maisons de disque voient s'envoler une partie importante de leurs bénéfices car les plateformes de streaming ne reversent aux créateurs de musique qu'une faible partie des profits qu'elles récoltent. De plus, la jeunesse des années 2010 dématérialise son écoute, peu désireuse d'investir dans l'achat des sorties discographiques. Elle se contente d'écouter des playlits que des algorithmes centrent sur ses habitudes. L'algorithme n'est pas conçu pour vous faire découvrir mais bien pour vous resservir sans cesse ce qui semble, par vos choix antérieurs, vous plaire.

Spotify

Le développement du smartphone achève la dématérialisation de l'écoute musicale. Le smartphone devient rapidement le centre de toutes les attentions de son propriétaire. Les réseaux sociaux lancent des carrières artistiques en propulsant dans la lumière du succès (et des écrans) des nouveaux talents en quelques jours parce qu'on les "follow à tour de pouce". Le smartphone n'est plus un téléphone mais plutôt un centre multimédia personnel : on écoute souvent gratuitement sa musique en streaming mais surtout on visionne au travers de ses réseaux sociaux préférés une grande quantité de vidéos dans lesquelles la musique s’invite largement. YouTube diffuse gratuitement les derniers clips musicaux et c’est le nombre de vues qui décide de son succès. Partout on cherche le "Buzz" qui va rendre populaire.

Les revenus financiers sont progressivement passés du producteur et de l’artiste aux plateformes internet qui diffusent la musique et les vidéos musicales quasi gratuitement. Les artistes n’arrivent à se rémunérer correctement qu’au travers de leurs concerts (impossibles à organiser lors de la pandémie mondiale). La maison de disque comme on la connaissait dans le passé s’en trouve totalement désorientée, ne sachant plus comment maintenir ses bénéfices (il est vrai honteusement élevés dans le passé).

Il semble aujourd'hui nécessaire, à tous les acteurs de la production et de la diffusion musicale (sauf peut-être aux plateformes du web qui se sont encore plus développées durant la pandémie et le confinement) de trouver un nouveau système de répartition des bénéfices engendrés par la musique dématérialisée. Il en va peut-être de l'avenir de la création musicale.

 

Dès 2018: la nostalgie du support matériel?

Mode ou nostalgique, le disque vinyle format 33 tours (et même de façon plus marginale la K7 audio) revient au premier plan des ventes croissantes. Le son analogique, plus « rond », plus « chaud » retrouve ses adeptes. Le grand support et sa pochette au graphisme artistiquement travaillé séduit, bien plus que les tout petits livrets des CD.

Comme par hasard, les maisons de disque ont décidé de doubler le prix de vente des vinyles. Encore une manière peu honnête de récupérer des parts de marché sur le dos des acheteurs. Le CD était déjà vendu très cher par rapport à son prix de revient et ils en ont largement profité. Et si le pouvoir changeait vraiment de mains?

Dj PiGi de Paris - Février 2022

Date de dernière mise à jour : 14/03/2022

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